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Nicolas Bouzou : « Le télétravail, une chance pour Amiens »

Nicolas Bouzou, essayiste et économiste.
© Sébastien Coquille / Amiens Métropole

Le 28 juin, la conférence de Nicolas Bouzou, essayiste et économiste, lançait la première université d’été de l’économie amiénoise organisée par Amiens Métropole. Il livre ses expertises sur la sortie de la crise.

 

Êtes-vous optimiste concernant la sortie de la crise ?

Nicolas Bouzou : Il faut absolument sortir de cette crise sanitaire. Ce n’est pas encore le cas. Nous ne pourrons pas sortir de la crise économique si nous ne mettons pas un terme à cette pandémie. Cette crise sanitaire qui a des conséquences économiques défie tous nos réflexes. Je suis économiste mais l’indicateur que je surveille le plus, c’est le taux de vaccination. Je suis favorable aux mesures coercitives car ce qui peut faire déraper la reprise de l’économie, c’est la reprise de l’épidémie en septembre. La meilleure façon de contribuer à la reprise, c’est de se faire vacciner.

 

 

Comment se porte l’économie française aujourd’hui ?

Nicolas Bouzou : Le système de production a été préservé. L’endettement public était important avant l’épidémie, il l’est encore plus aujourd’hui. Cependant les aides de l’État ont permis à de nombreuses entreprises de survivre. Elles sont endettées et devront rembourser mais on compte peu de faillites. Seulement 40 000 emplois ont été détruits alors que c’est la crise la plus grave depuis l’après-guerre. Certaines catégories de la population ont beaucoup souffert comme les étudiants ou les indépendants, mais globalement, le pouvoir d’achat des Français a été stable en 2020. Les données de consommation des deux premières semaines de juin montrent même un rebond, y compris dans les secteurs en difficulté avant la crise. L’industrie du vêtement, c’est + 15 %. Les Français rattrapent le temps perdu.

 

Quelles mutations a engendré l’épidémie de Covid-19 ?

Nicolas Bouzou : L’économie de demain sera technologique et environnementale. La troisième révolution industrielle est numérique : intelligence artificielle, robotique, biotechnologies… La désindustrialisation de la France et les délocalisations pour des raisons de coûts de main d’œuvre, c’est terminé. L’industrie s’implante désormais là où il y a des aides pour investir, où il y a des capacités de robotique, de la 5G, des pôles de recherche. Le rôle des pouvoirs publics est de faciliter cette implantation. Concernant l’environnement, la décroissance ne fonctionne pas. En revanche, il faut “décarboner” l’économie : isoler les logements, électrifier les transports, transformer l’agriculture… Et ne plus émettre de CO2 d’ici 2050. Il faut tirer les leçons de cette crise. Si on se mobilise, ça peut être formidable.

 

Les villes moyennes ont-elles un rôle à jouer ?

Nicolas Bouzou : Le développement du télétravail a changé la donne. Avant la crise, le télétravail était surtout une aspiration des salariés mais peu d’entreprises le pratiquaient. Aujourd’hui, pour les métiers où cela est possible (30 à 40 % des emplois), on préconise deux à trois jours de télétravail par semaine, pas plus. Ce qui est une grande chance pour des villes comme Amiens, proche de Paris et des sièges sociaux. Amiens peut attirer les salariés parisiens. Mais la concurrence est forte. Ces télétravailleurs exigeants rêvent d’une belle ville avec un urbanisme de qualité, des écoles d’un bon niveau, de la sécurité, des transports performants, des pistes cyclables et bien sûr de l’activité économique.

 

 

 

 

 

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